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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/183

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après la réponse de Materne : Je te regarde comme nommé. Ne soyez pas surpris de la vivacité des plaintes qui ont pu m’échapper immédiatement après que j’eus appris que la chaire avait été offerte à Sainte-Beuve et acceptée par lui. Mais l’expression de ces plaintes n’a jamais eu le caractère qu’on leur a méchamment donné. Je ne vous ai jamais reproché un acte de déloyauté. Vous étiez parfaitement libre de nommer Sainte-Beuve. Vous l’avez nommé. J’estime beaucoup le talent littéraire de Sainte-Beuve. La France renferme peu d’écrivains aussi distingués. Et cependant la nomination de Sainte-Beuve est une faute à mes yeux. C’est une faute parce que vous avez vivement blessé le sentiment national, dont la susceptibilité, même exagérée, devait être respectée, dans les circonstances actuelles surtout, en présence des injures et des menaces qui nous sont presque journellement adressées par une partie de la presse française. C’est une faute parce que votre choix s’est arrêté sur un écrivain d’un talent éminent sans doute, mais sans convictions littéraires ; sur un écrivain dont la plupart des œuvres portent l’empreinte d’un dévergondage d’esprit et de mœurs très peu édifiant ; sur un écrivain qui, pour arriver à l’Académie, dont il avait été repoussé une première fois parce qu’il personnifiait la réaction anticlassique, a brusquement changé d’opinion, a réhabilité les classiques qu’il