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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/189

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ministre actuel[1]. On trouvera toujours, pour remplir des fonctions que je pourrais solliciter à l’avenir, un homme plus capable que moi. Tu dis qu’on m’oubliera ici, je le sais, mais on m’oubliera tout aussi complètement à Bruxelles. Je ne gagnerai donc rien au change. Tu ajoutes que je serai ici en dehors de tout courant des affaires, de tout mouvement intellectuel. C’est vrai, mais je n’espère plus qu’en la solitude et l’isolement. Un profond dégoût s’est emparé de moi. Je ne vis plus que pour remplir des obligations de famille que je me suis volontairement imposées. Le jour où je ne pourrai plus me résigner aux privations que j’aurai à supporter pour y faire face, ce jour-là je quitterai la vie sans remords et sans regrets. Heureusement mes besoins personnels ne sont pas grands et je suis habitué à une vie de sacrifices. L’avenir, quoiqu’il ne me sourie guère, ne m’effraye pas, je travaillerai, je remplirai mes devoirs comme je l’ai toujours fait, et puis advienne que pourra. »

La requête de Weustenraad, heureusement, ne fut pas agréée. Ses amis le défendirent contre lui-même et, à son insu, s’occupèrent d’améliorer sa situation. En octobre 1848, il fut désigné pour les fonctions de greffier du tribunal civil de Bruxelles, qu’il n’avait

  1. En marge : « Je n’espère pas davantage du cabinet qui lui succédera ».