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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/34

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enthousiaste : il pouvait moins que personne résister à ce courant, et, dès son premier livre, il fit de la poésie sociale, lui aussi. Seulement, ce poète social ne se bornait pas, ainsi que la plupart de ses confrères français, à développer dans ses vers des lieux communs humanitaires ; il y interprétait une des doctrines précises et chimériques à la fois, en faveur à cette époque, dont l’application devait, à en croire les initiés, assurer le bonheur de l’humanité. Pour tout dire, les Chants de réveil n’étaient autre chose que l’expression poétique de la doctrine saint-simonienne.

La conversion de Weustenraad au saint-simonisme dut suivre d’assez près sa nomination de substitut de procureur du roi à Tongres, qui eut lieu, on s’en souvient, le 24 février 1831. C’est vers cette date, précisément, que les saint-simoniens entreprirent de propager leurs doctrines en Belgique. Une mission composée de Laurent (de l’Ardèche), Carnot, Dugied et Pierre Leroux, et ayant pour chef Margerin, entama par Bruxelles sa campagne d’apostolat. Elle s’y heurta au mauvais vouloir sournois des autorités et à l’hostilité ouverte des habitants, qui se traduisirent de diverses manières. Les journaux du temps[1] rapportent que, trois fois de suite, la salle louée par les saint-simoniens en vue de leurs prédications se trouva fermée au moment où ils voulaient l’utiliser ;

  1. Voir, notamment, l’Indépendant du 17 et du 28 février 1831.