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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/44

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n’avait aucun mérite à nier, en 1830, l’existence d’une littérature nationale.

Or, rien ne répondait moins à l’ancienne conception de la poésie que les vers de ce nouveau venu. Certes, l’auteur des Chants de réveil avait la « tête ardente » et le « cœur sympathique » qu’il exigeait de ses lecteurs, et il exprimait de « grandes émotions ». Tantôt parlant en son nom, tantôt se faisant le porte-parole des prolétaires, il se répandait en plaintes, en supplications, en anathèmes, en menaces ; l’amertume et le désespoir alternaient chez lui avec des élans de confiance et de foi. L’exaltation presque frénétique des sentiments, l’énergie et la crudité de l’expression, l’audace aventureuse de l’image, le cynisme des tableaux, faisaient des Chants de réveil une œuvre éminemment romantique. Et, de fait, avec les Chants de réveil, c’était le romantisme lui-même, sous sa forme la plus caractérisée, qui faisait son entrée en Belgique. Weustenraad professait alors pour Hugo la plus vive admiration. Au chant IV de son recueil, parlant du cantique de bénédiction qui devait un jour s’élever de la terre rénovée par l’industrie sous l’influence du saint-simonisme, il ne pouvait mieux en peindre « la magnificence », la « sublimité », la « force », la « suavité », la « douceur », qu’en le comparant aux « hymnes divins » dé Hugo.

En somme, les Chants de réveil témoignaient peut-être d’un tempérament poétique. On y trouvait de