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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/69

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gnent… Que la raison et le bon sens dominent dans nos écrits ». En vérité, tout cela est d’une tournure bien bourgeoise ; et l’on est tenté de trouver, quand on lit les essais littéraires parus en Belgique vers 1835, que la « gravité » de nos pères ressemblait parfois à de la « lourdeur ».

Il faut cependant aimer le zèle que les fondateurs de la Revue belge mettaient à garder intact le cc type national » ; zèle qui, vraisemblablement, n’eût guère été moindre, si la littérature française, en 1835, n’avait pas été en proie au romantisme effréné. Car il s’agissait de quelque chose de plus important que l’originalité littéraire. La littérature, étant surtout considérée comme l’expression du caractère national, comme une preuve de notre existence propre en tant que nation, devait surtout servir à nous distinguer nettement d’un peuple avec qui on n’était que trop porté à nous confondre. En conséquence, le caractère essentiel de notre premier essai de renaissance littéraire consiste en ceci, qu’il fut tout national, tout belge, et témoigna d’une réaction consciente et volontaire contre l’influence française. Sans doute, c’est en vain qu’on prétend échapper, dans le domaine littéraire, à l’influence d’un peuple dont on parle la langue. Les fondateurs de la Revue belge firent pourtant ce rêve. Nos littérateurs réagirent autant qu’ils purent, en 1835, contre une influence à laquelle, quarante