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Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/129

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NOTES D’UNE FRONDEUSE

général à pied, en habit noir, la plaque de grand-officier de la Légion d’honneur sur la poitrine, mène le deuil.

Il est blême, ses paupières battent ; mais une volonté de ne pas faiblir, devant toute cette foule, le maintient torse droit, front haut.

Pendant l’absoute.

Nous voici à l’église Saint-Jacques, sur la place Royale. Le trajet n’a pas duré plus de vingt minutes.

Pour entrer, une bousculade honteuse ; aucun service d’ordre établi. S’il n’y a pas eu d’enfants étouffés, c’est que les petits Belges ont la vie dure ! Quant aux grands, ils se répandaient en clameurs contre la police de la ville ; et n’avaient réellement pas tort,

L’intérieur de l’église, blanc et agrémenté de moulures, à un peu l’apparence des salles de concert. Mais la voix grave des orgues, mais la triste mélopée des répons jetaient de la solennité sous les hauts arceaux ; et, distinctement, les mots de pardon sont tombés dans le silence.

Puis le cercueil a repassé, un cercueil de bois clair, ornementé de cuivre, et sur lequel un crucifix est étendu. Au passage, j’ai vu le nom : Marguerite. C’était aujourd’hui sa fête !…

Le général, les dents serrées, les doigts tremblants, marchait derrière, comme hypnotisé par la croix de métal.

La sortie a été pire que l’entrée, Enfin, on a pu regagner les voitures et se diriger au trot — c’est l’usage ici — vers le cimetière d’Ixelles.