Aller au contenu

Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
NOTES D’UNE FRONDEUSE

nière visite : « Tenez, le « jardin anglais » dont on a tant clabaudé !… »

On ne le voit plus, aujourd’hui, le « jardin anglais ». Les murailles ont été palissées de planches ; entre la pierre et le bois, les arbustes étouffent, demeurent captifs. Un toit provisoire, en lames de sapin, en forme de chalet, garantit de la bise et de la pluie, des giboulées et des grillades, de toutes les intempéries du fantasque renouveau.

Un écriteau, cloué à la solive, au fond, presque contre la porte de milieu des communs, dit le nom de l’éphémère constructeur : P. Smet, menuisier, boulevard d’Anderlecht, 68, Bruxelles. De retour vers la porte, en ligne droite, des lustres sont accrochés : un petit d’abord, en cuivre jaune, à becs rares, presque semblable aux lampes à sept branches des Hébreux ; puis un autre, davantage important, d’une banalité surprenante, en cristal incolore, ruisselant de girandoles ; et, enfin, le troisième, encore plus volumineux, pareil, comme métal et comme nuance, au premier. Parallèlement, de chaque côté, un trio de lampes à pétrole et à abatjour réflecteur (administratives celles-là), sont suspendues.

Contre le mur de droite — qui continue la paroi du porte-rue, par lequel accède directement le public — se rangent les assistants, debout. Face à eux, à deux mètres du mur de gauche, s’étend, tout le long (de la première issue des écuries à la maison), le comptoir qui sépare les employés des acheteurs ; sur lequel se fait l’exhibition des objets ; et que domine, à son milieu, la chaire de M. Demolle, le commissaire-priseur. Le centre de la cour est rempli par des chaises qu’occupent des dames belges, ménagères économes, à l’affût d’une « occasion ».