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Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/86

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NOTES D’UNE FRONDEUSE

qu’on dût, de l’autre côté, retrouver le « chez soi » perdu !

La voilà, la poésie du cortège ! Quel dommage que nos consuls lui servent de Mécènes !

28 février 1889.

Au siège de la Ligue, numéro 9, place de la Bourse, le deuxième au-dessus de l’entresol, dans le second corps de bâtiment, passé la cour.

Trois commissaires de police et vingt agents ont envahi le domicile, éventrent les tiroirs, fouillent les cartons, entassent les papiers dans des sacs que l’on descend un à un.

Très pâles, les mains nerveuses, deux hommes regardent cette dévastation, cinglant, d’un mot, qui essaie de les interroger.

Déroulède et son collègue sont inquiets, non de ce qu’on découvrira — il n’y a rien — mais de ce qu’on pourra glisser chez eux. Comme tous ceux qui font de la politique, ils savent bien qu’il n’y a jamais à craindre que les documents fabriqués pour les besoins de la cause, et intercalés prestement dans d’inoffensives paperasses.

On en trouvera, c’est certain ! Et ce sera la prison, l’amende, pis peut-être…

Mais qui peut ordonner de pareilles mesures contre une association française et républicaine ?… Ni des Français, ni des républicains, à coup sûr. Le gouvernement allemand ? Un régime monarchique ? Les Prussiens sont revenus ? L’Empire est rétabli ?

Non.