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Page:Sabatier - Leçons élémentaires de chimie agricole.djvu/145

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DE CHIMIE AGRICOLE.

Toute l’épaisseur des couches perméables supérieures collabore à la nutrition végétale.

Au contraire, dans une terre peu épaisse, où à 30 centimètres, par exemple, on rencontre une assise imperméable de calcaire, d’argile ou de grès, les racines vont heurter cet obstacle, et, ne pouvant le franchir, sont obligées de ramper sur le fond ; elles s’accumulent dans cette unique couche de 30 centimètres qui demeure seule chargée de les nourrir.

Pour apprécier la valeur nutritive d’une terre végétale, on ne peut donc se contenter de connaître la richesse en azote, phosphore, chaux, potasse, de la couche arable ; mais il faut aussi savoir la quantité totale de ces principes que toute l’épaisseur de la terre perméable met à la disposition des plantes. On conçoit dès lors que la puissance de la couche pourra en quelque manière suppléer à la pauvreté locale. Le plus souvent, une terre pauvre, mais épaisse, vaudra mieux qu’une terre riche en couche mince. Dans cette dernière, le système radiculaire se forme mal, et il demeure beaucoup plus sensible aux intempéries de la surface, aussi bien aux sécheresses qu’au froid et à l’humidité excessive.

Ceci explique fort bien les anomalies apparentes de fertilité qui ont été signalées plus haut.

Au Rio Cupari, l’épaisseur du sol atteint 1 à 2 mètres d’épaisseur. Les terres noires de Russie sont en couches très puissantes qui atteignent jusqu’à 6 mètres et ont rarement moins de 1 mètre. La dose totale de principes nutritifs y est énorme ; d’après les évaluations de M. Déhérain, 1 hectare contient dans sa masse totale :

019,900 à 071,500 kilogrammes d’azote,
021,000 à 050,600 d’acide phosphorique,
190,000 à 267,000 de chaux,
(la teneur en potasse est également grande).