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DE CHIMIE AGRICOLE.

Ammoniaque. — L’ammoniaque signalée dans l’air par de Saussure, se retrouve aussi dans les eaux pluviales. Sa présence dans l’atmosphère s’explique aisément, car il se dégage toujours de l’ammoniaque dans la putréfaction des matières animales[1]. Dans l’air, elle ne demeure pas à l’état libre, mais elle s’y trouve sous la forme de carbonate d’ammoniaque gazeux et de nitrate d’ammoniaque solide. Ces sels étant très solubles dans l’eau, existent donc nécessairement dans la pluie, la neige, les brouillards. Ainsi, Boussingault a trouvé dans l’eau de pluie des doses d’ammoniaque variant de 4 milligrammes à 0,2 par litre d’eau, dans l’eau de brouillard, de 7,2 à 2,6.

M. Schlœsing, en opérant sur de très grands volumes d’air, a pu y doser l’ammoniaque. On trouve que 100 mètres cubes d’air en contiennent :

À Paris de 1,5 à 4 milligrammes
À Montsouris, on a trouvé de 1,1 à 5
Au Pic du Midi (Müntz) environ 1,4.

Ce sont là des poids excessivement minimes, mais qui suffisent à enrichir les eaux de pluie de quantités assez notables d’ammoniaque.

Pour expliquer la circulation de l’ammoniaque à la surface du globe, M. Schlœsing a imaginé une théorie très ingénieuse, sur la valeur de laquelle il est difficile de se prononcer. L’ammoniaque prise dans l’air par les pluies, est reçue dans le sol, et là elle se transforme

  1. La terre végétale exhale fréquemment de petites quantités d’ammoniaque. D’après un travail récent de M. Berthelot, les plantes et le sol dégageraient en même temps que de l’ammoniaque, de faibles doses de produits azotés volatiles, sans doute très toxiques pour les plantes mêmes qui les ont fournis. On expliquerait ainsi pourquoi la végétation se fait mal dans une atmosphère confinée.