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Page:Sabatier - Leçons élémentaires de chimie agricole.djvu/85

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DE CHIMIE AGRICOLE.

l’air se renouvelle fréquemment sur cette surface, apportant toujours des doses minimes, il est vrai, mais constamment renouvelées, d’ammoniaque.

M. Boussingault a calculé la surface utile d’absorption offerte par les feuilles dans diverses cultures. Pour la pomme de terre, il a trouvé, par hectare, environ 40,000 mètres carrés, c’est-à-dire quatre fois la surface du sol ; pour le froment, au moment de la floraison, 35,000 mètres carrés ; pour le topinambour (en septembre), environ 140,000 mètres carrés, soit quatorze fois l’étendue du champ.

M. Müntz a essayé d’évaluer directement le poids d’ammoniaque qui peut être arraché à l’air par un hectare de topinambours dont la surface ne cesserait d’exercer son pouvoir absorbant[1]. En six mois de végétation, cette quantité atteindrait 97 kilogrammes, contenant 80 kilogrammes d’azote, alors que la récolte totale n’en fixe guère que 180 kilogrammes.

Mais ce nombre, 80 kilogrammes, est certainement beaucoup trop fort, puisqu’il suppose les feuilles douées d’un pouvoir absorbant parfait exercé sans relâche. Pratiquement, la fixation d’ammoniaque serait lente, et sa valeur atteindrait tout au plus quelques kilogrammes.

Néanmoins, ces expériences nous apprennent que l’ammoniaque de l’air concourt pour une certaine part à l’alimentation azotée des plantes, cette part étant d’ailleurs fort petite. La majeure partie des produits azotés de l’air est recueillie par l’eau des pluies, qui apporte directement à la terre de l’ammoniaque et de l’acide nitrique et peut contribuer ainsi à l’enrichir en matière azotée.

Azote du sol. — Puisque l’azote des plantes ne leur

  1. Il se servait de plantes artificielles ayant des feuilles en papier d’amiante imprégné d’une solution étendue d’acides végétaux.