Aller au contenu

Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
journal

ques heures, est un curieux exemple de ce que peut produire chez un homme l’amour propre exalté par un encens continuel. Il me parut avoir une soixantaine d’années ; fort, plein de vigueur, bronzé par le soleil, c’est une des plus belles têtes qu’il soit possible de voir. Sa physionomie, au milieu de ces faces flegmatiques et communes des néerlandais qui l’entourent et l’encensent, pétille d’esprit, mais en même temps de fatuité. Il sourit pour montrer ses belles dents ; mais de ce sourire dédaigneux et supérieur d’un homme accoutumé aux hommages, à qui ils sont naturellement dus. M. Diarc est le paradoxe fait homme ; il suffit qu’on ouvre la bouche pour émettre une opinion, pour qu’il vous la ferme aussitôt en niant ce que vous avez pu dire. Il cause avec beaucoup de vivacité, mais il parle sans cesser, ce qui est un grand défaut même chez les hommes les plus instruits et les plus spirituels. Il est mordant et incisif, sans ménagement pour les noms les plus respectables. Il faut l’entendre saper les unes après les autres toutes les vérités qui luisent au monde aussi claires et éclatantes que le soleil. « Tout cela, dit-il, existe peut-être, mais n’existe que dans l’imagination brillante des gens qui l’ont inventé. Ils ont trouvé des esprits crédules, comme il y en aura toujours beaucoup, qui leur ont applaudi, et voilà la fortune de leurs idées faite. » — Depuis les époques de la création, que les travaux de nos plus illustres savants et de nos grands philosophes ont prouvées, sur les rapprochements et les analogies