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Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/121

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de voyage.

… « Depuis que nous sommes partis de Batavia et sortis du détroit de la Sonde, dit-il, il pleut ou il vente continuellement, mais des grains et des coups de vents numéro un, comme disent les marins. Plus nous approchons de Padang plus cela redouble ; la pluie devient un déluge ; l’on appelle cela la saison sèche ! Il y a aujourd’hui 17 jours que nous avons franchi le détroit et 8 jours que nous étions à 10 milles de Padang et que nous pouvions déjà en voir les feux ; aujourd’hui nous en sommes à 38 lieues : il pleut toutes les larmes du ciel. C’est le fort de la mousson du S.-E. et il vente tempête du N.-O. — Les courants sont assez violents pour nous donner une dérive de 40 milles par 24 heures. Nous avons en vue un pauvre diable de navire hollandais qui, comme nous, court après Padang, mais sans plus de chances de l’attraper ; il a déjà quatre mois et vingt jours de mer et vient de Rotterdam.

Mardi 17 août.
En mer.

« Depuis deux jours nous sommes à la viande salée, afin sans doute de ne pas entamer les cent boîtes de conserves que le capitaine a achetées à Batavia pour une traversée de trois mois. J’aurais du moins gagné dans ce voyage la sobriété à défaut d’autre chose. J’ai grande envie d’inscrire sur la porte de notre salle à manger la maxime d’Harpagon : « On doit manger pour vivre et nos pas vivre pour manger !

19 août.
En mer.

« Nous parcourons toute la côte de Sumatra bien malgré nous ; cependant, quel que soit le