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Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/33

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de voyage.

être un génie, une haute intelligence ; pitié pour l’homme qui s’éteindra, après une vie de privations, de travaux, d’abandon et d’oubli… et chaque île de cette vaste Océanie presque inconnue à notre orgueilleuse Europe, renferme, dans les gorges de ses montagnes, de ces dévouements ignorés !

« Les bons pères se mirent en quatre pour nous procurer un repas dans lequel ils sacrifièrent toutes leurs réserves ; pour la première fois nous mangeâmes du taro qui est la base de la nourriture des indigènes. C’est une racine semblable pour la forme à la betterave et pour le goût à l’igname. On s’y habitue sans difficulté ; elle ressemble assez bien au pain. Nous passâmes la soirée, qui était déjà assez avancée, en causeries interressantes ; il fut peu question des choses d’Europe ; ces solitaires ne s’en préoccupaient plus depuis longtemps. Que leur importe dans ce coin retiré nos querelles politiques et nos révolutions ?… Enfin nous nous retirâmes. Le Père Martial nous céda sa chambre et fut dormir avec le Père Stanislas dans une case voisine. L’hospitalité est une chose sacrée et douce à remplir : nous la laissâmes s’accomplir jusqu’au bout.

L’église rustique.

« Le lendemain nous allâmes visiter le petit domaine du Père Martial ; en traversant le jardin, nous aperçûmes une case plus grande que les autres, avec une croix de bois grossièrement travaillée au-dessus de la porte. C’était l’église : nous y entrâmes. Cette pauvreté d’aspect et cette