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Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/66

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journal

« dans une petite rue qui avoisine celle de Saint-Martin, entre deux de ces marchands aisés qui forment la majeure partie des petits bourgeois, bons pères de familles, du reste, gardes nationaux zélés toutes les fois qu’il ne pleut pas, bons citoyens et conservateurs quand même. »

« 1er Bourgeois. — Ah ! vous avez voyagé, Mossieu.

2me Bourgeois. — Oui, j’ai été dans le Midi.

1er Bourgeois. — Vous avez vu Marseille, peut-être !

2me Bourgeois. — Je crois bien, et Cette et Montpellier…

1er Bourgeois. — Ah ! vraiment ! ça doit être bien curieux un port de mer… Ah ! moi, ma femme et puis les enfants… Vous sentez, après moi, il n’y a plus personne qui tienne la boutique.

2me Bourgeois. — Eh ! mon Dieu, mon pauv’ Mossieu ! mais je vous assure, il n’y a pas grand danger ; on voyage maintenant avec assez de sécurité en France. Eh ! que diriez-vous donc si, comme moi, vous aviez un frère qui ait été en Afrique ? C’est ça un voyage !

1er Bourgeois. — Que me dites-vous là… en Afrique ?… passer la mer… vot’frère ! votre propre frère ! ah, mon bon Mossieu ! et vot’mère, qui a vu partir un des ses enfants ; ah, Mossieu, la pauvre femme ! ah, Mossieu !