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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/15

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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

l’excitait de temps à autre comme quelqu’un qui attise un brasier pour le ranimer, Schaines parut sur le seuil de la maison, regarda tout ébahi les deux interlocuteurs, secoua la tête et disparut.

Pintschew et Mintschew, tout à leur discussion, ne le remarquèrent pas.

« Connais-tu le Talmud, vociférait justement Pintschew ? Non, tu n’en connais pas le premier mot. Aussi est-ce parfaitement inutile de discuter avec un idiot, avec un amharez[1] comme toi. Mais, après tout, je tiens à t’instruire, quand ce ne serait que pour le salut de ton âme. Donc le Talmud nous enseigne à considérer la prière comme un devoir. C’est dans le Tractat Thaarit que le Talmud nous recommande les prières. Il en appelle à Moïse, le Talmud, à Moïse, qui a dit, IIe livre de Moïse, chap. xxiii et xxv : « Il est nécessaire que vous imploriez l’Éternel notre Dieu. » Et plus loin, Moïse dit encore : « Lui, — c’est de Dieu dont il est question, — Lui, vous le servirez de tout votre cœur. » Il arrive alors qu’on se demande : De quelle manière l’homme doit-il servir l’Éternel de tout son cœur ? Réponse : Par la prière. Il en résulte que la prière est un devoir institué par Moïse. »

Mintschew sourit.

« Nous ne parlions pas précisément de la prière, hasarda-t-il ; c’est de la prière dans les écoles dont il est question. Mais, puisque tu as passé à un autre sujet, je vais répondre à ce que tu affirmes : Eh bien ! non, Moïse n’a pas institué la prière.

— Il ne l’a pas instituée ! »

Pintschew leva les bras au ciel, et se mit à cabrioler

  1. Ignorant.