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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/169

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MAGASSE LE WATACHEKO.

— Moi ?

— Veux-tu fumer, cousin ?

Et l’abbé tira de sa poche une blague brodée. Le Cosaque se gratta la tête, soupira et le considéra, fort surpris.

« Allons, ta pipe ! »

Le vieillard, embarrassé, l’ayant exhibée en souriant, le révérend la bourra de ses propres mains et la lui tendit, accompagnée d’une allumette, ce qui, dans la montagne, est considéré comme une rareté.

« Eh bien !… ça te plaît ?

— Oh ! c’est exquis…

Il se remit à l’œuvre.

« Dis-moi, dans quel village habite cette femme ? — La roue du carrosse tournant sur son essieu, déchira l’air d’une longue plainte. — Ici, dans le hameau peut-être ?

— Non !

— Où, alors ?

— Que désirez-vous, révérend père ? dit enfin le Cosaque, dont le visage s’assombrissait par degrés. Ce que vous voulez savoir, ce n’est pas une plaisanterie. C’est une chose extrêmement grave. Croyez-moi, ne vous occupez pas de ces affaires.

— Mais si, je veux m’en occuper, et très sérieusement encore !

— Dans ce cas, tirez-vous-en comme vous pourrez. » Le vieillard eut un geste de pitié.

« Où le Watacheko a-t-il son amoureuse ? Est-ce une jeune fille ?

— Oui, c’est une jeune fille.

— Où demeure-t-elle ?

— Elle n’est pas ici, repartit le bonhomme apathi-