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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/17

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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

Ravi de son improvisation, Jossel rentra dans la salle du bal pour dire à la société que Pintschew et Mintschew se disputaient encore.

Les deux amis n’avaient nullement remarqué sa présence.

« Et qui te prouve que Dieu ne prie pas ? exclama soudain Pintschew avec un éclair de triomphe.

— Qui implorerait-il ? ricana ironiquement Mintschew. Lui-même, peut-être ?

— Certainement il s’implore lui-même.

— Donne-m’en la preuve, Pintschew.

— Rien n’est plus simple.

— Alors ?

— Connais-tu le Talmud ? reprit Pintschew fièrement, en se dandinant sur ses talons, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, les pouces passés dans sa ceinture. Non, je sais que tu ne le connais pas. Eh bien, Mintschew, le Talmud nous dit que Dieu prie, et même il nous donne des preuves à l’appui. »

Mintschew éclata de rire.

« Voici ce que le Talmud nous enseigne dans le Tractat Barachol. Il est possible que tu n’aies jamais entendu parler du Tractat Barachol, cher Mintschew. Eh bien ! c’est dans le Tractat Barachol que le Talmud nous prouve que Dieu prie. Il le fait dire par le prophète Isaïe. Voici ce que dit Isaïe sous l’inspiration de Dieu : « Je les conduirai à la montagne de ma sainteté, et les introduirai dans ma maison de prières. »

— Qu’est-ce que cela prouve ?

— Tu n’as donc pas remarqué que Dieu ne dit pas leur maison, mais ma maison de prières ?

— Folie ! interrompit Mintschew. Quand Dieu dit ma