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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/47

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PINTSCHEW ET MINTSCHEW.

consolations. Une fois, Mintschew s’attarda si longtemps chez son ami, qu’il ne put songer à rentrer chez lui et à déranger la belle Esterka des moelleux édredons où elle aimait à s’enfouir, semblable à un scarabée dans sa chaude retraite d’hiver.

Mintschew, par conséquent, résolut de passer la nuit chez Pintschew. Quand ce dernier eut acquis la certitude que son ami dormirait dans la maison, il bondit de joie sous ses couvertures, tandis que Rachel, la pauvre, poussa un soupir désespéré, et s’en ratatina encore davantage. Mais elle avait appris à se taire et à étouffer ses plaintes et ses larmes. Sans objecter, elle dressa pour Mintschew un lit dans un petit cabinet qui n’était séparé de la chambre à coucher que par une mince cloison en bois et en roseaux ; et, il faut le dire à l’honneur des ménagères juives, le lit qu’elle lui prépara était tendre et d’une blancheur irréprochable. Il se trouvait juste à côté de celui de Pintschew. La cloison seule les séparait.

Mintschew souhaita à Pintschew et à Rachel une bonne nuit, fit sa prière et se coucha. Toutefois, il ne resta pas longtemps tranquille sous sa belle couverture rouge. Un léger coup résonna à la muraille, à l’endroit où il avait la tête. Mintschew feignit de ne pas avoir entendu.

« Mintschew, dit soudain une voix creuse comme la voix d’un esprit, basse et plaintive, ne m’entends-tu pas, mon cher, mon doux Mintschew ?

— Qu’y a-t-il ? demanda enfin Mintschew d’un ton grave.

— Veux-tu le tenir tranquille, toi ? » soupira Rachel. Pintschew se tut un instant.

« Mon petit Pintschew, commença alors Mintschew.