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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/78

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À KOLOMEA.

» Éva Kwirinowa était à ses côtés lorsqu’il se réveilla. Il essaya de s’étendre, de se lever ; les cordes l’en empêchèrent.

« Que signifie cette odieuse plaisanterie, s’écria-t-il, et pourquoi ces habits somptueux ?

— Aujourd’hui, c’est pour moi une grande fête, répliqua Eva. Le jour est venu où je puis enfin me venger de vous. »

» M. Dolgopolski essaya vainement de rompre ses liens. Il appela au secours, mais personne ne l’entendit que moi, et comment aurais-je pu le délivrer, moi pauvre et faible créature ?

» Éva Kwirinowa s’était assise tranquillement. Elle riait. Ah ! quel rire âpre et effrayant !

« Taisez-vous, ou je vous coupe la langue, lui dit-elle enfin. »

» Elle se leva et prit un couteau. Il se tut. Il savait à qui il avait affaire. Elle était capable d’exécuter sa menace.

» Quand elle vit qu’il se soumettait, elle jeta le couteau sur la table et se rassit à côté de lui.

« Vous repentez-vous du mal que vous m’avez fait ? demanda-t-elle avec calme, fièrement.

— Comment serait-il possible de me repentir d’avoir été aimé d’une jolie femme ? » repartit M. Dolgopolski avec ironie.

» Il ne pressentait pas ce qui l’attendait.

« … Et tu es encore belle, Éva, sais-tu cela ? Allons, viens m’embrasser !

— Ne plaisantez pas, dit-elle froidement. Vous avez agi indignement avec moi, entendez-vous ? indignement ! J’aimais Akensy… je l’ai épousé par amour… Je lui avais donné deux beaux enfants ! Vous vîntes !…

— N’es-tu pas widma, s’écria M. Dolgopolski, et fille