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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/98

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À KOLOMEA.

ferme à la pierre, comme lui aussi sait s’accrocher énergiquement à ce que ses mains maigres et osseuses ont une fois saisi.

Nous descendîmes rapidement par un chemin tapissé de myrtilles et de rhododendrons, notre chien respirant péniblement derrière nous, et nous entrâmes sous le dôme vert des sapins. Le fracas amoindri d’une cascade lointaine nous tenait compagnie. Les hauts panaches verts qui s’élançaient vers le ciel avec une majesté lugubre commençaient à s’amalgamer avec un horizon d’or rougi, tandis que de leurs troncs élancés s’échappait du jus résineux à la couleur ambrée. Des baies d’un rouge de pourpre, de grandes fleurs des bois dessinaient des broderies multicolores sur le velours des mousses qui s’étendaient dans l’entre-croisement des racines, et des ombres profondes tombaient d’en haut sur les branches, comme des gouttes noires, entre les aiguilles immobiles.

Pendant quelques instants encore, de petits nuages baignant dans le rose planèrent à l’occident ; puis une raie de pourpre s’allongea à l’horizon. Au-dessus du sol tremblotait un air doux où voletaient d’innombrables petites mouches, transparentes comme du verre filé, et des vapeurs qu’on aurait prises pour des voiles blancs d’une étoffe impalpable montaient en reflets brillants de la vallée tranquille et déjà plongée dans la nuit. Les buissons, les arbres, les montagnes, semblaient croître dans l’atmosphère dorée et se perdre dans l’infini, tandis qu’ils allongeaient leurs ombres toujours plus loin. À l’ouest, une étoile brillait sur les sapins, qui se dressaient dans le ciel comme de noires épées ou comme une grille de fer autour d’un parc. Les chants des oiseaux avaient cessé. Çà et là seulement, un bruit sifflant perçait dans le bois