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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/110

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L’AMOUR CRUEL

s’entourer de beaux hommes et d’adolescents, traitant ces derniers avec une familiarité maternelle, qui atténuait le caractère compromettant de la faveur dont ils étaient l’objet.

Depuis peu, un jeune homme d’une rare beauté de corps et de visage, s’était présenté à la cour de Westminster, avec le désir d’être admis au service de la virginale souveraine. Il avait nom Antoine Sparte. Un hasard lui donna l’occasion de se jeter aux pieds d’Elisabeth qui, possédant quoiqu’à un degré moindre, la nature despotique de son père, n’hésita pas, à en faire son page, malgré l’obscurité de son origine, attirant sur lui la haine et la rancune des fils de familles nobles, remplissant le même office.

Mais Antoine parut s’occuper fort peu de la jalousie de ses camarades. Il se tenait ostensiblement à l’écart, ne leur adressant la parole que lorsqu’ils l’y forçaient par leurs questions, et alors même le plus brièvement possible. Les pages se montraient surtout vexés par le fait d’avoir demandé la faveur de faire chambre à part, et de l’avoir obtenue.

— Il se croit d’une espèce supérieure à nous, disaient les jeunes sires. Mais il nous le payera.