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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/120

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L’AMOUR CRUEL

— Mon sentiment pour Sparte ? Et que peux-tu y comprendre ?

— Plus que tu ne penses, fit Wood avec un sourire et en appuyant sur les mots. Tu protèges Sparte, tu l’aimes, parce que… c’est une femme.

— Sparte ! fit Trafford en un cri.

— Évidemment.

— Une femme ! serait-il possible ? une femme !

Pendant tout le reste du jour, Trafford fit de vains efforts pour se rapprocher du page et pour lui parler. L’énigmatique enfant le fuyait ostensiblement, évitant même de le regarder.

Mais, pendant le repas, alors que Sparte se tenait debout derrière le trône de la reine, le gentilhomme, le cœur agité des sentiments les plus contraires, put l’observer tout à loisir. L’enfant lui parut sous un jour nouveau et Trafford se vit forcé de convenir que ces formes, à la fois sveltes et harmonieuses, n’étaient point celles d’un garçonnet. Les lignes arrondies, les courbes naissantes de la gorge et des hanches, appartenaient sans conteste à un corps de femme, et de quelle femme ! Com-