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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/142

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L’AMOUR CRUEL

Le jour commençait à poindre. Un sanglant soleil d’hiver luttait vainement contre le brouillard, quand Trafford fit sortir son cheval de l’écurie, dans l’espoir de calmer, en une course échevelée, les mouvements tumultueux de son cœur. Il mettait le pied à l’étrier, lorsque Marguerite, en costume de page et enveloppée d’un sombre manteau, s’approcha de lui.

— Nous avons à nous parler, dit-elle.

— Disposez de moi, répondit Trafford, en jetant un regard inquiet et douloureux sur la femme adorée.

— Je vous attendrai dans une heure, devant la vieille église où vous m’avez surprise l’autre nuit.

— J’y serai, fit le gentilhomme. Il s’inclina, donna de l’éperon et partit au galop.

L’heure écoulée, Trafford se trouva à l’endroit indiqué et descendit de son cheval qu’il attacha à un pilier. Marguerite, qui l’attendait, sortit précipitamment de l’église et, en un élan passionné, lui prit les deux mains.