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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/147

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MARGUERITE LAMBRUN

le cortège, et Elisabeth parut, respectueusement saluée. La majestueuse femme était entièrement vêtue de velours noir et de guipure de Venise ; un grand col raide, en dentelle des Flandres, entourait son cou ; sa chevelure d’or roux était retenue sous une coiffe de velours noir, formant une pointe sur le front.

Elle avança lentement, saluant de droite et de gauche, jusqu’au milieu de la salle, suivie par le grand-maître de la cour.

— Où donc Sparte reste-t-il aujourd’hui ? demanda-t-elle avec un léger froncement des sourcils.

— Je ne sais… je ne comprends pas, balbutia le grand-maître. Il connaît ses fonctions et n’y a jamais manqué.

— Tenez, le voilà ! fit la reine. Sparte, que signifie ? pourquoi n’apportes-tu pas la bible ?

Sparte, troublé par le ton bienveillant de ces paroles, sembla lutter contre lui-même. Il fit quelques pas et s’arrêta.

— Quelle singulière conduite ! murmura Elisabeth.

Le moment décisif était venu. Trafford le sentait. Son pouls battait à se rompre et son cœur semblait vouloir lui sauter à la gorge. Insensible-