Aller au contenu

Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
LA VÉNUS DE MURANY

prise d’un pressentiment qu’elle ne pouvait s’expliquer, moitié joyeux et moitié angoissant. Son cœur se mit à battre violemment, et quand le parlementaire s’inclina devant elle avec respect, un frisson la parcourut tout entière. Il leva sa visière, elle réprima un cri. C’était Wesseleny lui-même, dans toute la force et la beauté de sa jeunesse, et dont les yeux, interrogateurs et ravis, se posaient sur elle.

Tous deux se turent un instant, en proie à une puissante émotion. Wesseleny se ressaisit le premier et demanda à être écouté.

— Cela vous est accordé, répondit Marie dont la voix tremblait légèrement, mais, pas un mot de reddition, sinon je me verrais forcée de reprendre ma parole et de vous punir de mort, et cela me ferait de la peine.

— Vraiment ? murmura Wesseleny.

— Venons au fait, reprit la guerrière.

— Ce n’est pas de reddition que je vous parlerai, mais de l’abandon d’une vieille inimitié, de fraternité et de l’union sincère de tous les amis de notre malheureuse patrie, contre le tyran et l’oppresseur, l’ennemi commun.

— Et ce serait ? interrompit Marie avec vivacité.