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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/195

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HEMELNIZKI LE COSAQUE

Le portier partit d’un formidable éclat de rire.

— Notre staroste de Tschérin ? C’est le pire de tous, brutal, violent et sans pitié comme un Tartare. Un vrai Turc !

— Cela ne peut pas continuer ainsi, fit, à voix basse, un cosaque arrivé depuis peu de l’Ukraine. Cela bout, croyez ce que je vous dis, vous verrez quelque chose. Nous autres cosaques n’avons d’autres devoirs envers les Polonais, que de défendre leurs frontières contre les Tartares et les Turcs. Nous avons toujours été un peuple libre, et nous le resterons, si Dieu le permet. Ces impôts qu’on exige de nous sans aucun droit, font mûrir le fruit. Faites attention ! de grands événements se préparent. On a vu, il y a quelques jours, une épée flamboyante au ciel, dans la direction de l’Ukraine.

— Ce que vous dites ! murmura la vieille.

— C’est exact, moi aussi, je l’ai vu, confirma un paysan.

— Notre pauvre peuple n’a, de toutes façons, que la vie à perdre, ajouta un autre, et quand les cosaques viendront, tout le pays ira à eux.

— Contre les Polonais, il n’y a de remède que la guerre, opina le portier.