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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/216

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L’AMOUR CRUEL

Sur un signe de la vieille, les négresses la prirent sur leurs bras et la portèrent dans une salle de bains ornée de tapis d’Orient, où elles la dévêtirent et la servirent.

Au sortir de l’eau, les noires et muettes servantes l’essuyèrent avec de la toile fine, lavèrent son corps et ses cheveux avec des essences parfumées, la chaussèrent de pantoufles brodées d’or et l’enveloppèrent d’une pelisse de nuit en velours rouge, doublée et bordée de peaux de zibelines.

Puis elles ramenèrent Lidwine dans la salle où elle s’était réveillée et où un déjeuner succulent l’attendait. Les négresses lui présentèrent tour à tour de la confiture fine, des fruits, du sorbet et du vin, tandis que se faisaient entendre les sons d’une musique invisible, caressante et tendre, comme la jeune femme, élevée dans les solitudes petite-russiennes, n’en avait jamais entendu.

Cette magnificence éblouit Lidwine, et quand le staroste demanda audience, la jeune femme dut sourire malgré elle.

Jetant un rapide coup d’œil sur la glace et se voyant pour la première fois dans toute la splendeur de sa beauté mise en valeur par un costume princier, elle rougit, et, comme si le crime du sta-