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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/235

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HEMELNIZKI LE COSAQUE

avec du pain et du sel selon la coutume slave. Puis, il l’invita à prendre place.

— Nous te recevons de tout cœur, comme il est de notre devoir, répondit-il. Mais, dis-nous à présent ce qui t’a frappé si cruellement, afin que nous voyions si nous pouvons te venir en aide.

Peu à peu, la hutte de Nawaleiko s’était remplie de Cosaques. Formant demi-cercle autour de l’ataman, tous écoutaient, avec l’intérêt ingénu d’hommes primitifs, le récit d’Hemelnizki. Et comme il décrivait son sort immérité en des couleurs de plus en plus douloureuses et sombres, dépeignant en traits de flamme, la tyrannie de la noblesse et le mépris des lois, tels qu’ils sévissaient dans sa malheureuse patrie, ces hommes, ardents et libres, accompagnèrent ses paroles d’exclamations de colère et de malédictions contre les Polonais détestés. Et lorsqu’enfin, Hemelnizki, en termes émouvants, leur demanda protection et appui, tous crièrent comme un seul homme, qu’ils voulaient l’aider à reprendre ses droits et à punir les coupables, qu’ils étaient prêts à partir en guerre contre la Pologne.

— Réfléchissez bien, reprit le vieillard interrompant leur fureur et leur enthousiasme, réfléchissez