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PRÉFACE

décide à la rupture, en une lettre caractéristique que nous reproduisons :

« ANATOLE !…

«… Ton désir de m’avoir auprès de toi est irréalisable. Cela te créerait un incessant tourment. Pour ne point me faire souffrir, tu te tairais. À cause de moi ! Il se pourrait, après tout, que je ne le méritasse point. Peut-être aussi finirais-tu par t’arracher de moi ? Tandis que si moi je romps, je conserve la certitude, la pleine assurance que tu m’aimeras toujours comme je t’aimerai. Oui, Léopold, comme je t’aimerai ! Je suis à toi, à jamais. Et notre court bonheur ? Considère-le comme un rêve, un songe céleste, une splendide et magnifique promesse de béatitude sans fin.

« En ce monde des corps, il n’est point d’amour des âmes… Toi-même, tu ne le supporterais pas et, peut-être, moi non plus.

« Je veux être homme. Le monde peut faire valoir les droits qu’il a sur moi, je remplirai ma tâche, mon devoir… et cette vie passera. Et alors rien ne m’empêchera plus de jouir auprès de toi, d’une béatitude éternelle. Ne me prends pas pour un rêveur