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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/344

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L’AMOUR CRUEL

fond, je l’admire et, il faut bien l’avouer, parce que je l’envie.

— Et vous pensez sérieusement que Shakespeare parviendra à expulser le drame régulier ? demanda Lilly inquiet.

— Il n’y manque plus grand’chose. Je pense que Kye, Lodge, Beale, Greene et moi, avons suffisamment enfoncé les murailles. Depuis que les comédiens se sont libérés de l’influence des Lords et qu’ils ont choisi ce Shakespeare comme poète de leur scène populaire, il n’y a plus un chat qui se soucie des comédies de cour, et toute la noblesse d’Angleterre, à sa tête notre glorieuse reine, rivalise avec les marchands, les matelots et les artisans, pour applaudir des deux mains à ses pièces. On les critique, mais ni votre Alexandre et Diogène, ni aucune autre pièce écrite dans les règles, n’a autant plu que Henri II, Peine d’amour perdue, Tout est bien qui finit bien, La comédie des erreurs et, avec Roméo et Juliette, les comédiens prophétisent une véritable révolution de la scène et du goût.

— Nous verrons bien, grommela Ben-Jonson en balançant sa tête sur le gros bouton d’or de sa canne.