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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/371

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SABBATHAI ZEWY

éclat extraordinaire et, après un festin comparable à celui des noces de Cana, on conduisit la fiancée tremblante à son jeune époux.

Dans une chambre fastueusement décorée, avait été placé un lit de repos d’une mollesse et d’un luxe asiatiques. Sur les coussins de soie bleue d’un divan oriental, était assise, voilée, la merveilleuse créature qui désormais était à lui. Elle était vêtue d’un caftan de soie blanche semé de perles, la chevelure coiffée d’une résille en or d’où pendaient des pierres en gouttes étincelantes et, devant elle, se tenait Sabbathai en sa chemise mortuaire, en long talar, une toque blanche sur ses boucles noires, costume dans lequel les Juifs se présentaient devant Dieu, dans leur Temple, le jour de la réconciliation.

La belle Sarah fixa sur lui son noir regard de biche étonnée.

— As-tu remarqué, commença-t-il, que je n’ai pas touché aux mets du repas ?

Sarah soupira.

— Je l’ai remarqué.

— Et sais-tu pourquoi ?

— Pour t’exercer dans la sobriété et te rendre agréable à Dieu.