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SABBATHAI ZEWY

thai à comparaître devant le tribunal des rabbins de Smyrne. Le jeune époux leur expliqua sa conduite dans les mêmes termes qu’il l’avait fait à sa femme.

— Ne te suffit-il pas, demanda un rabbin, d’éviter ce qui est défendu ?

— Cela ne suffit pas, fut la réponse de Sabbathai. Quel mérite y aurait-il ? Qui enfreint la loi est un pécheur, qui l’applique est un juste ; mais un élu se prive même de ce qui est permis.

Le tribunal condamna Sabbathai à changer de conduite ou à délivrer à sa femme sa lettre de congé.

Il choisit la seconde alternative et la belle Sarah quitta sur l’heure la maison.

— Ne pleure pas, lui dit-il, lorsqu’elle se jeta une dernière fois en sanglotant contre sa poitrine. Il faut que la volonté de Dieu s’accomplisse.

Le jour même, Sabbathai alla trouver une riche veuve, qui avait une fille d’une grande beauté.

— Je me suis séparé de Sarah, lui dit-il, parce que l’amour terrestre était en elle plus fort que la crainte du Seigneur. Mais la volonté de Dieu est que je ne demeure pas seul et que la beauté et la ruse de la femme me tentent, comme Ève tenta