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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/68

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L’AMOUR CRUEL

regarda un instant sa victime et lui enfonça son couteau dans le cœur.

Le beau jeune homme ferma les yeux. Son sang perla lentement, tachant la neige. La foule, silencieuse, retenait son souffle.

Tout à coup, le supplicié commença à gémir. La négresse le déchiquetait avec une joie féroce. Encore un hoquet, un soupir et tout fut fini.

La czarine se détourna, livide ; mais elle se maîtrisa et fit signe à ses femmes.

Celles-ci, amenant leurs prisonniers, les attachèrent chacun à l’un des arbres de la place. Les femmes armées de flèches se placèrent, sous la conduite de Zoé, en face des condamnés.

— Ne visez pas trop juste, recommanda Narda.

— Sois tranquille, repartit Zoé. Les boyards sont un gibier rare. Nous ferons durer le plaisir.

Elle appuya son arc contre terre et posa une flèche sur la corde, qu’elle tendit. Puis, parcourant des yeux les rangs des prisonniers, elle arrêta son regard, avec une sinistre complaisance sur un adolescent d’une rare beauté.

— Tu me plais, lui dit-elle. Je te choisis pour cible. Comment te nommes-tu ?