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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/91

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LE MYRTHE DES AMANTS

masqué par un pilier, l’arrivée de son idole. Les fidèles avaient évacué l’église, quand elle parut, vêtue de couleur sombre, et voilée. Elle alla droit à un confessionnal dissimulé dans l’ombre, et s’assit à l’intérieur. Lorenzo comprit et alla s’agenouiller devant la grille, comme pour une confession.

Ce fut elle qui parla la première. Elle s’appelait Rachel, était originaire de Livourne et n’habitait Florence que depuis peu, avec son père, un riche banquier. Puis, elle lui avoua l’impression profonde qu’il lui avait faite et qu’elle l’aimait de toute l’ardeur d’un cœur innocent, prête à devenir chrétienne, pour lui appartenir devant Dieu et les hommes.

À son tour, il laissa tomber tout bas, à travers la petite grille, les douces paroles d’un amour sincère et les serments sacrés de fidélité éternelle, jusqu’à ce qu’elle se levât pour partir.

Alors, quittant le confessionnal, il l’entoura de ses bras, la conduisit à l’autel le plus proche où ils s’agenouillèrent, et passa au doigt de l’aimée un anneau représentant deux mains fermées, symbole d’union indestructible, à la vie, à la mort.

En se relevant, Rachel, avec un élan de pas-