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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/115

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LA FEMME SÉPARÉE

avez, avec l’instinct particulier aux femmes, compris le sens caché de chacune de mes paroles, et vous m’avez repoussé, parce que vous en aimiez un autre.

— Je ne l’aime plus ! m’écriai-je, et pourtant je ne sais pas, je ne me comprends plus moi-même.

Je regardai Julian, absolument découragée. Il se tut. Je m’assis près de lui, alors, et je lui racontai doucement, avec de nombreux soupirs et des larmes amères, mon enfance, mon mariage, ma liaison avec le comte. Je lui montrai la dernière lettre qu’il m’avait écrite et je le suppliai de me donner quelques bons conseils.

— Ce que vous me direz de faire, et cela seulement, je vous promets de l’accomplir, dis-je ; enfin, je remets mon sort entre vos mains.

Julian appuya la main sur son cœur avec force et ne me répondit pas. Je retenais mon haleine, tout inquiète.

Enfin il leva la tête et me regarda. Il y avait sur son visage tant de compassion, tant de pitié, que, sans me rendre compte de ce que je faisais, je m’emparai de sa main et je la portai à mes lèvres. Il la retira doucement, et la posa sur ma tête comme pour me bénir. Je sanglotais.

— Vous l’aimez, un secours est difficile, commença-t-il. Il vous a abandonnée, vous devriez l’ou-