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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/147

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LA FEMME SÉPARÉE

— Elle m’a tout raconté, continua Turkul.

— Elle t’a dit… s’écria Julian indigné.

— Comment le saurais-je sans cela ? repartit Turkul. Elle doit, du reste, en amour, être un vrai vampire.

— C’est possible.

— Comment, c’est possible ! On dirait que tu ne la connais pas.

— Non, je ne la connais pas !

— Elle, du moins, a déjà planté le drapeau blanc sur la forteresse prise, dit Turkul. Que dis-tu de cela, vertueux don Juan ?

— Moi ! — Julian se mit à rire. — Me croiras-tu, dis, si je te jure que je ne connais l’amour, et ses joies, et ses ivresses, que par les livres ?

Turkul s’élança hors de son lit et regarda son ami des pieds à la tête, comme s’il se fût agi d’un animal inconnu.

— Ah ! s’écria-t-il, je comprends maintenant ! Dans ce cas, je te conseille de jeter aujourd’hui même tes principes dans le premier fossé venu ; sans cela, tu perdras cette femme.

— Je la perdrai parce que ?… balbutia Julian, rouge de honte.

— Eh ! naturellement.

— Et tu trouves cela naturel, toi ! s’écria Julian. J’ai cru que…