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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/209

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LA FEMME SÉPARÉE

avec la neige de l’hermine. Le brasier éclairait vivement le velours rouge, qui répandait des lueurs chaudes devant elle.

» Et maintenant, voilà qu’elle tourne la tête de mon côté et qu’elle me regarde de ses yeux de paon, aux paupières demi-closes. Il y a dans son regard des étincelles de passion, un feu magique qui me font mal.

» — Ferme les yeux, balbutiai-je, je t’en conjure.

» Et je dois couvrir mes yeux de ma main. Puis, quand j’ai repris mon calme et mon sang-froid, j’examine en détail le tableau admirable qui s’étale devant moi, et qui m’a ému si fortement que j’en ai l’âme ravie.

» Que cette petite tête grecque est belle, avec ses traits classiques, son teint pâle, son nez légèrement busqué, sa bouche rose et moqueuse ! Ses oreilles ressemblent à ces petits coquillages roses avec lesquels jouent nos enfants sur la plage. Et cette masse énorme de cheveux qui se répandent en désordre sur son cou, sur ses épaules, sur sa gorge ferme et potelée ! Ce que j’admirai le plus, ce furent ses pieds. Je ne pouvais détourner mon regard des légères ombres que formaient ses fins genoux sur le bas de la jambe. Comme les pieds sont déformés, serrés dans d’étroites bottines, et qu’ils sont parfaitement