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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/238

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LA FEMME SÉPARÉE

Mme de Kossow appuya sa délicieuse petite main sur les feuillets jaunis du manuscrit.

— Mais… attendez encore.

Elle se leva, prit un papier couvert de poussière, qui était au fond du petit coffret noir, et me le tendit.

— Eh bien ! ne distinguez-vous rien ? me demanda-t-elle en se penchant sur mon épaule et appuyée au dossier de ma chaise.

C’était un dessin à la plume, une scène étrange, en vérité. Il représentait un bal masqué, une salle étincelante de lumières et de girandoles. Dans un angle, à l’ombre d’un immense pilier, une femme vêtue d’un domino noir, un masque sur le visage, la main tendue comme pour donner un ordre. À ses pieds, était un jeune homme agenouillé.

— Maintenant lisez, dit Mme de Kossow.

J’obéis.

« Mercredi des Cendres ! L’aube blanchissante éclaire ma chambre d’une lueur pâle. Je ne puis dormir. Mon Dieu ! quelle aventure bizarre ! Mon cœur bat quand j’y songe, et le mouvement de mes artères se précipite.

» Ma lampe s’éteint en fumant. La clarté livide de l’aube pénètre à travers les carreaux de la croisée. J’ai les yeux ouverts, et cependant je rêve.

» Une femme se dresse devant moi, une grande