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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/263

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LA FEMME SÉPARÉE

Combattirent pour la liberté
Contre la tyrannie moscovite.
Combattirent vaillamment et
Prirent la fuite heureusement…
Vivre aussi bien que mourir
Pour la patrie, c’est doux.

Ils végétaient à Lwow, ni plus ni moins que leurs autres compatriotes, vivant d’aumônes ou à crédit dans les hôtels, car

Aucun ne voulant souffrir
Que son camarade payât pour lui,
Ni l’un ni l’autre ne payaient.

Ils n’eussent jamais songé à gagner leur vie d’une manière ou de l’autre, à travailler, à faire quelque chose. Vous savez comment sont les Polonais. Chaque Polonais se croit fermement destiné à être roi, et alors, vous comprenez que sa dignité lui défend de se rendre utile. À quoi serviraient donc des nations aussi ordinaires que la Russie et l’Allemagne, je vous prie ?

Mendier, mentir, duper et courir les aventures, c’est, en réalité, l’unique préoccupation d’un émigré polonais.

Julian fut saisi d’une profonde compassion pour les deux réfugiés. Et, bien qu’il eût toujours combattu les tendances polonaises, il s’intéressa à eux et s’offrit pour leur venir en aide.