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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/308

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LA FEMME SÉPARÉE

Mezischewski fut expulsé. Les gendarmes le reconduisirent à la frontière.

Quelques jours après que Julian lui eut prêté sa signature, il eut besoin d’argent pour moi, et le Polonais s’offrit pour lui procurer une petite somme sur mes reconnaissances du mont-de-piété. Je les lui remis. Mezischewski apporta l’argent. Nous découvrîmes qu’il avait vendu les reconnaissances et gardé la moitié de l’argent pour lui.

Et, vous l’expliquerez-vous ? au moment où tout le monde découvrit qu’il était un filou et un individu dangereux, au moment où j’appris qu’il m’avait volée, je pris parti pour ce misérable, et j’accusai Julian de mensonge et de lâche calomnie lorsqu’il m’écrivit pour m’apprendre ce qui s’était passé.

Vous comprenez que c’en était trop, même pour un idéaliste. Il se rendit, tout bouleversé, chez Turkul, et le força de l’accompagner à la police, chez le commissaire qui l’avait renseigné. Celui-ci assura à Turkul que si Mezischewski ne s’était pas, de la frontière, réfugié en Suisse, le tribunal se serait décidé à le mettre en état d’arrestation.

Bref, il était du bois dont on fait les piliers de maison de correction. Lorsqu’on apprit qu’il était parti, ses créanciers s’émurent, et l’on constata que la plupart de ses traites étaient revêtues d’une