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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/314

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LA FEMME SÉPARÉE

harmonieuse et pleine de sève. Et je puisai du courage dans le récit de ses souffrances ; je me consolai et je sortis de mon apathie habituelle.

Quand j’eus tout lu, je n’en voulus plus à Julian. Il avait souffert. Toute rancune s’éteignit en moi. Bientôt aussi ma position changea. Ma belle-mère mourut. Mon père me prit chez lui. Au bout de deux ans, il mourut aussi. Il me laissa Tudiow. J’étais tout d’un coup riche et indépendante. Mais je connaissais la vie, et je m’en méfiais.

Mme de Kossow appuya son beau front pâle sur la paume de sa main, et réfléchit.

— Votre histoire est finie ? demandai-je d’un ton grave.

— Je l’espère ! dit-elle sérieusement ; puis un sourire railleur et fier éclaira son visage. Mais il faut que vous voyiez comment j’étais alors.

Elle se leva, prit un candélabre et me conduisit à travers une série de chambres désertes.

Nous entrâmes dans un salon absolument vide. Un tableau occupait le milieu du mur. Il était protégé par un rideau.

— C’est une des copies de ce portrait dont je vous ai parlé, dit-elle en écartant la draperie.

Je restai muet d’admiration. La simplicité du portrait lui donnait un cachet classique.

Il semblait vous regarder, de ses longs yeux de