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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/43

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LA FEMME SÉPARÉE

à même de nous en passer, nous serons vos maîtres, nous régnerons sur l’État et l’Église, nous donnerons le ton aux sciences et aux arts, comme à l’époque de la grande Catherine, où une femme était investie du titre d’empereur et de pape, où une autre présidait à l’Académie des sciences[1], où il y en avait à la tête des régiments et des compagnies, qui se distinguèrent sur le champ de bataille[2].

Cela est, je l’avoue, plus honorable que la conduite de ces nobles dames russes, en traîneaux, enveloppées dans leurs précieuses fourrures, qui, sur le champ de bataille d’Otschakow, se comportèrent d’une manière bien féminine, en passant en revue les corps nus des Ianitschares qui avaient succombé.

Oui, il viendra une nouvelle période, mon ami, s’écria gaiement Katinka. Vous remarquez déjà le travestissement des rôles sur les théâtres. À l’époque de Shakespeare encore, les hommes jouaient des rôles de femmes. Aujourd’hui, voilà des femmes qui jouent Roméo, Petruchiv et même Hamlet. Que vous dirai-je encore ?

  1. La princesse Daschkoff.
  2. Mmes de Mellin, Edwige Niewelinski, Alexandra Nareskin.