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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/46

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LA FEMME SÉPARÉE

aux alentours ; je parcours la cour et le jardin sans rencontrer une âme, je m’approche de la grange, je m’arrête devant l’écurie et j’appelle. Personne ne répond.

Je me dirige alors vers la maison ; je mets pied à terre, je jette la bride sur la tête de mon cheval, et je l’abandonne, plongé dans ses réflexions. La porte est grande ouverte. Je gravis les marches de pierre, creusées par les pluies.

Dans le vestibule, les hautes armoires, les portes des salles sont ouvertes, comme dans la légende, mais on ne voit toujours personne. La salle à manger est meublée d’une table massive, travail moyen âge, entourée de chaises remarquables tout unies, avec des dossiers hauts de deux aunes, d’autres garnies de coussins de damas aux étroits dossiers blanc et or, style Louis XIV, d’autres enfin, modernes, cannelées.

Un beau tableau à l’huile, un paysage de quelque ancien maître de l’école française, représentant un lever de soleil, est suspendu à la muraille dans un cadre noirci par le temps ; son pendant, un coucher de soleil probablement, est appuyé, retourné, contre la muraille, par terre, avec un piton brisé ; à sa place sont suspendues quelques guirlandes de gros oignons. Vis-à-vis, dressé sur un piédestal, un faune en plâtre danse la tarentelle, les bras étendus comme