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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/49

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LA FEMME SÉPARÉE

pace courte qui ne recouvre pas tout à fait sa partie postérieure. Il n’est ni petit ni grand. Il porte constamment sur lui ses outils : deux vigoureuses paires de pattes et de petites antennes claviformes ; il sent le musc, le parfum traditionnel.

Maintenant, il paraît prendre une décision. Il déploie ses ailes et s’envole pour aller chercher le renfort nécessaire, le nombre exact d’individus exigé pour l’ensevelissement du cadavre, ni plus ni moins. Il se passera bien un moment avant qu’il revienne.

Tout à coup, un domestique paraît sur l’escalier qui descend dans le jardin.

— Holà ! mon ami, lui criai-je de loin.

Son costume me fait rire. Il cadre à merveille avec tout ce qui nous entoure.

Le petit jeune homme porte sa livrée chamois à revers rouge et à boutons d’argent armoriés sur sa chemise grossière et sa veste de toile, d’où pend un long cordon sale. Il a aux pieds des chaussures en feutre impossible, raccommodées avec des morceaux d’étoffe de toutes les couleurs, qui ressemblent à de petites barques et dans lesquelles il navigue sans bruit, comme à la surface d’un lac, à travers les vastes corridors de la seigneurie.

Au moment où il m’aperçoit, il s’arrête et se cure les dents pour cacher son embarras.

— Madame est-elle chez elle ? demandai-je.