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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/51

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LA FEMME SÉPARÉE

une tombe ; les fossoyeurs, qui s’étaient réunis en grand nombre, avaient rampé sous le cadavre et le transportaient ainsi, lentement, sur le bon terrain. Quelques moments se passèrent avant qu’ils eussent atteint leur but, mais ils ne se découragèrent pas, et enfin y arrivèrent. Je ne pouvais vraiment me séparer de cette association de travailleurs, dont l’œuvre m’intéressait au possible. Bientôt les braves petites bêtes commencèrent à creuser la terre sous le cadavre. Il n’y avait pas de doute que ce travail ne se fit d’après quelque système que j’eusse bien voulu pouvoir étudier.

Cependant, je me mis à la recherche de mon cheval. Il était resté à la place où je l’avais laissé. Il dressa les oreilles à mon approche, et agita la queue. Je sautai en selle et me rendis à Tudiow, où je passai quelques heures dans l’auberge à écouter parler les paysans. Puis je me décidai de nouveau à tenter fortune. Lorsque j’atteignis le jardin seigneurial, j’arrêtai mon cheval et j’examinai l’œuvre des fossoyeurs. Il ne restait plus que peu de chose du bon chat. La moitié de son corps était enterré. Avant la nuit, son ensevelissement sera consommé, me dis-je, puis ces braves petits scarabées viendront déposer leurs œufs dans le cadavre, et leurs larves y vivront jusqu’à leur éclosion. C’est ainsi que partout la mort contribue à une nouvelle création. Au moment où