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Page:Sacher-Masoch - Le legs de Caïn, 1874.djvu/207

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Vladimir s’assit tristement sur le vieux divan fané, et baissa la tête sans répondre.

― Tu doutes encore ?

Elle vint se mettre à côté de lui.

― Comme tu trembles, dit-elle. As-tu peur de moi ?

— Oui, j’ai peur. Aie pitié de moi, va-t-en !

— J’ai pitié de toi, et je reste, répliqua-t-elle en riant. Tu es un homme perdu. ― Ses pupilles s’étaient dilatées, ses narines frémissaient ; elle était gracieuse et terrible comme une panthère de la forêt. ― Quand tu n’auras plus ta raison, lui dit elle, nous serons égaux.

IX

Peu de temps après son mariage, Olga avait gratifié sa nourrice d’une petite métairie cachée dans les bois. C’est là que les deux amants se rencontraient. Vladimir appartenait maintenant sans réserve à sa belle maîtresse. Tous deux se sentaient vivre d’une vie nouvelle. Pour Olga, le souvenir du passé était noyé dans le rayonnement qui du fond de son âme s’épandait sur le monde et en dorait tous les aspects. Et, dans ce bonheur infini, elle avait retrouvé une réserve chaste, une timidité de sensitive qui touchait Vladimir jusqu’au plus profond de son être.

Ce fut alors que pour la première fois commença de parler en elle cette seconde voix. Les yeux surhumains de Vladimir avaient éveillé, suscité cette