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Page:Sacher-Masoch - Le legs de Caïn, 1874.djvu/287

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— Vous êtes trop belle, madame, en vérité, répliquai-je en souriant.

Elle était belle en effet, d’une beauté transcendante : vierge et femme à la fois, si cela peut se dire, la force unie à la grâce, une naïveté enfantine avec un aplomb de grande dame, et une élévation de pensée comme il est rare de la rencontrer chez une femme.

— Et vos héritiers ? repris-je.

Marcella sortit, et revint bientôt, entourée de ses beaux enfants : c’étaient quatre garçons, qui tous rappelaient plus ou moins leur mère, — l’aîné, Sacha, avait onze ans ; le cadet, Julian, en avait trois, — puis la petite Olga, âgée de huit ans, qui avait les traits sévères et les yeux pensifs et expressifs de son père. Ils me tendirent les mains sans l’ombre de timidité, leur regard franc exprimait la confiance ; et leur petite sœur entama aussitôt avec moi une conversation sur un sujet extraordinairement important.

— C’est par ce sang vermeil de paysan que ma famille s’est rajeunie, me dit Alexandre. Regarde mes garçons ; quelle race ! Un ourson semblerait délicat à côté d’eux… Mais viens, il faut que je te fasse visiter la propriété.

La comtesse mit un petit chapeau de paille d’Italie à rubans verts, et prit mon bras. Alexandre nous conduisit à travers ses cours et ses bâtiments, et la belle châtelaine m’expliquait en détail les instruments aratoires et les machines. Ensuite nous montâmes tous à cheval, pour visiter les champs,