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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/103

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SASCHA ET SASCHKA.

Vous lui direz que je ne puis consentir à ce que mon fils se batte, et qu’en conséquence c’est moi qui lui donnerai satisfaction. Son duel avec Saschka devait avoir lieu demain matin : nous nous battrons donc dès aujourd’hui dans l’après-midi.

— Très Révérend, c’est là une affaire bien sérieuse, répondit Silvaschko, je ne craindrais pas beaucoup pour Saschka, mais, pour vous qui n’avez jamais tenu une épée, je vois tout en noir, et je crains le pire des événements.

— En revanche, je ne tire pas trop mal.

— Un duel au pistolet pour une semblable bagatelle serait une folie, un meurtre ; n’y songeons pas ; si donc vous persistez dans votre résolution…

— Oui, j’y persiste.

— Eh bien, j’irai chez le baron, continua Silvaschko, il choisira le sabre ou l’épée, j’en réponds, et si la rencontre n’a lieu qu’à quatre heures, nous en profiterons pour vous exercer. Avec l’aide de Dieu et grâce à quelques bonnes bottes dont je connais le secret, et que je vous enseignerai, nous pourrons encore avoir bon espoir ; mais je vous déclare que si vous êtes blessé, — et le lieutenant dit ces paroles d’une voix formidable et en regardant Sascha d’un air effrayé, — alors je me battrai à mon tour avec le baron et je le taillerai en pièces, car sans cela il ne me serait plus permis de regarder en face votre femme. »

Le curé et le lieutenant se serrèrent la main et s’embrassèrent. Ensuite Silvaschko fit atteler, endossa son vieil uniforme, ceignit son épée et se rendit chez