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Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/187

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LA MÈRE DE DIEU.

Elle tendit sa main. Sukalou soupira, mais lui donna la sienne, tête basse. Ossipowitch lui compta l’argent. Il le plaça dans un angle de son mouchoir de coton bleu, fit un nœud, qu’il serra avec ses dents, et cacha le tout dans sa poitrine.

« Dieu vous bénisse ! »

Il ramassa son sac, pour partir.

« Pas un pas, s’écria Wewa ! Je ne te laisserai partir que lorsque tu m’auras promis de venir me voir. Allons, ta main.

— Je te le promets, répondit Sukalou, clignant des yeux, comme un chat au soleil.

— Ta main ! »

Il la lui donna.

« Et maintenant, encore un baiser, mon petit cœur. »

Elle l’embrassa furieusement. Lui, ne s’en défendit pas, mais il détourna la tête tout honteux.

Peu après le départ de Sukalou, Sofia Kenulla entra. On lui montra les belles peaux de martre. Elle les admira et les loua beaucoup, tandis qu’une ombre d’envie obscurcissait son visage d’ange.

« Sukalou a aussi de très belles martres à vendre, dit-elle. Je suis sûr qu’il les laisserait à un bas prix. Il les a tirées lui-même.

— Vraiment ! s’écria Mardona, qui échangea un coup d’œil avec Wewa.

— Du reste, elles ne sont pas chères, continua Sofia Kenulla. Les juifs, dans la capitale, en donnent cinq florins, pas davantage.

En es-tu sûre ?